Chats et chiens : comment protéger leurs coussinets en hiver et à quoi faire attention ?

Élastiques, sans poil et rebondis. Les coussinets sous les pattes des chats et des chiens sont conçus pour leurs déplacements en intérieur et en extérieur dans les milieux propres à leurs races. L'hiver en France, pays tempéré, nécessite-t-il de prendre des précautions particulières pour les protéger ? L'éclairage de Thierry Bedossa, Docteur vétérinaire, comportementaliste praticien et président-fondateur de l'association AVA - Agir pour la Vie Animale.

Ce qui fragilise vraiment les chats et les chiens

Ce n’est pas forcément l’hiver qui rend les coussinets des chats et chiens vulnérables et qui nécessite de les protéger, annonce d'emblée Thierry Bedossa. "C'est l'état réel des températures ET l’humidité." Et le docteur insiste sur les deux facteurs. En effet, les coussinets "sont les seules zones où ces animaux ont des glandes sudoripares" c'est-à-dire qu'elles transpirent pour maintenir leur température corporelle normale. Comme à cet endroit elles ne produisent pas de kératine, les coussinets subissent de plein fouet "une humidité extrême liée à des précipitations très importantes et un froid extrême comme cela a été le cas en automne 2023 en France."

Ces signes qui doivent alerter

Tous les chats et chiens ne nécessitent pas la même attention. Avant de protéger leurs coussinets (tout de même conçus pour résister au froid et à l'humidité), le Docteur Bedossa insiste sur l'importance de faire le point sur la carte d'identité de l'animal et ses antécédents. "Certaines races de chiens et particulièrement le bouledogue français, ont davantage de prédispositions à la pododermatite, surtout les chiens. Il s'agit d'une maladie inflammatoire qui affecte les zones entre les coussinets. De même, les chiens de type nordique peuvent avoir plus facilement des déficiences en zinc à l'origine des pathologies de la corne des coussinets. Enfin, il y a aussi des chiens, pas nécessairement lié à leur race, qui ont une anomalie de la kératinisation de leurs coussinets. Ils sont extrêmement fragiles et peuvent se craqueler."

Votre animal de compagnie n'a pas d'antécédent particulier ? Voici les signes qui doivent tout de même vous alerter : "un animal qui boîte de manière ponctuelle ou permanente, un léchage intempestif, le fait d'exprimer des signes de douleurs à la manipulation des pattes et des coussinets", précise le docteur.

Que faire pour protéger les coussinets fragilisés ?

"Il n'y a aucune prévention à faire", informe Thierry Bedossa, "sauf en cas de dermatites et de kératinisation, bien sûr". Dans ces cas-là, plusieurs options s'offrent aux maîtres, avant même les irritations ou les gerçures et brûlures :

• "Il existe des bottines ou des chaussettes pour chiens qui les isolent totalement de la froideur et de l'humidité du sol"
• "L'application de pommades quotidiennement, des pommades anti-gerçure et anti-ride. En effet, lorsque la kératine est abîmée et qu'il y a une vraie vulnérabilité de l'animal, tout ce qui va contribuer à diminuer la fibrose est hautement bénéfique (mais seulement dans le cas d'une application quotidienne)". L'utilisation d'huile n'a, selon le docteur, aucun effet. "C'est la graisse que le coussinet est capable d'absorber."
• Enfin, pour les animaux concernés par les troubles de la kératinisation : "ils peuvent bénéficier de supplémentation en zinc, un oligo-élément essentiel, mais pas uniquement en hiver. C'est un complément à vie".

En cas de persistance, voici ce qu'il faut faire

Si, malgré votre vigilance, des signes de vulnérabilité persistent chez l'animal, Thierry Bedossa indique qu'il est indispensable d'aller consulter au plus vite. "Si un maître consciencieux et attentionné voit que ce qu'il a choisi de faire pour protéger son animal ne fonctionne pas, il faut prendre rendez-vous avec un vétérinaire au plus vite."

En prévention, en revanche, le rendez-vous n'est vraiment pas indispensable, indique-t-il, bien que certains propriétaires aient besoin de conseils pour être rassurés. Conseils qui peuvent également être dispensés par les auxiliaires spécialisés vétérinaires.