Anxiété : quels sont les signes qui doivent pousser à consulter ? Les conseils d'une psychiatre

Au cours de notre vie, il est normal de ressentir de l’anxiété en réponse à un danger ou à une situation stressante. Cette réaction passagère est cependant à différencier des troubles anxieux généralisés, qui font partie des troubles psychiatriques les plus fréquents. Contrairement aux angoisses passagères, l’anxiété pathologique induit des peurs et des inquiétudes intenses, qui s’inscrivent dans la durée et empêchent de vivre.

Comment reconnaître les symptômes d’une anxiété généralisée ?

En fonction des patients, l’anxiété peut prendre différentes formes. Il en existe six sous-types : les troubles généralisés, le trouble panique, les phobies spécifiques, l’agoraphobie, le trouble d’anxiété sociale et le trouble d’anxiété de séparation.

Les troubles anxieux généralisés sont très invalidants. La personne ressent une anxiété permanente et anticipatrice. Par peur qu’il lui arrive quelque chose, le patient préfère s’interdire de sortir de chez lui ou de fréquenter ses proches. Ce type d’anxiété se traduit principalement par un repli sur soi, des peurs irrationnelles ou une incapacité à faire des projets. Des signes physiques peuvent également intervenir comme des troubles digestifs, des insomnies, des maux de tête ou des douleurs. "Il ne faut pas prendre ces manifestations à la légère. L’anxiété des troubles anxieux, comme la tristesse dans la dépression, est souvent banalisée. Concrètement les patients et l’entourage trouvent toujours des éléments contextuels pour expliquer ces émotions. Or même si l’on pense avoir des "raisons" d’être anxieux.se, une anxiété qui empêche de vivre mérite l’avis diagnostic d’un médecin", rappelle la Docteure Astrid Chevance, psychiatre et responsable scientifique de ComPaRe Dépression, un projet de recherche en ligne collectant les témoignages de personnes concernées par la dépression.

Troubles anxieux : quand faut-il consulter un professionnel de santé ?

On peut parler de troubles anxieux lorsque ces symptômes ont un impact sur la vie quotidienne et durent plus de quinze jours sans aucun répit. "À l’instar de tous les troubles psychiques, l’anxiété généralisée provoque une souffrance clinique significative. Le patient la vit très mal, et n’est plus en capacité d’effectuer des activités pour lesquelles il n’avait aucune difficulté (travailler, fréquenter ses amis, s’occuper de sa famille…). On appelle cela une rupture avec l’état antérieur. Elle peut se faire plus ou moins progressivement", précise la psychiatre.

Si vous ressentez ces symptômes, il ne faut pas hésiter à consulter votre médecin généraliste en première intention, et/ou un.e psychiatre, qui pourra faire la différence entre une anxiété "normale", permettant à la personne de s’adapter au contexte de vie, ou pathologique, qui empêche la personne de vivre, et spécifier la catégorie diagnostique dans le cas échant.

L’anxiété peut aussi être secondaire à une maladie psychiatrique (trouble du spectre autistique, stress post-traumatique, dépression anxieuse…) ou à une autre maladie (cancer, AVC, maladie endocrinienne…). La consultation avec un.e professionnel.le de santé est donc essentielle pour poser un diagnostic et débuter une prise en charge.

Comment se déroule la prise en charge d’un trouble anxieux ?

Selon la maladie identifiée, la prise en charge du trouble anxieux sera différente. Chez certains patients, une thérapie médicamenteuse sera indiquée alors que des psychothérapies, telles que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), seront recommandées pour d’autres. Certaines angoisses peuvent aussi être traitées par la neurostimulation. "Le diagnostic est donc très important, car il conditionne le choix du traitement. Par exemple, les TCC ont pour objectif d’apprendre à vivre avec les symptômes anxieux sans qu’ils entravent le quotidien du patient tandis que les médicaments atténuent les signes d’anxiété", précise la spécialiste.

Les causes d’un trouble anxieux sont souvent difficiles à déceler. "Actuellement les recherches scientifiques expliquent l’anxiété par la cumulation de facteurs multiples (génétiques, environnementaux, professionnels…). Dans la majorité des cas, l’origine de l’anxiété pathologique n’est pas déterminée. Le principal est de se rétablir et non de trouver la cause, car la science a besoin de temps pour expliquer. Comme pour toutes les pathologies, on a tendance à penser qu’il faut absolument avoir compris l'entièreté d’une maladie pour pouvoir aller mieux. En réalité, on sait mettre en place un ou plusieurs traitements et orienter les personnes vers des ressources adéquates pour les aider à se rétablir", conclut la psyschiatre.

Merci à la Docteure Astrid Chevance, psychiatre et responsable scientifique de ComPaRe Dépression, un projet de recherche en ligne collectant les témoignages de personnes concernées par la dépression