Arthrose des doigts : symptômes, causes, traitements

L’arthrose des doigts est une maladie très fréquente, qui touche environ une femme sur deux et un homme sur quatre en France. “C’est une maladie polyarticulaire, qui touche tous les tissus de l’articulation, elle n’affecte pas que le cartilage”, prévient le Dr Alice Courties, rhumatologue. Deux localisations de la main sont concernées en particulier : la base du pouce (la rhizarthrose) et les articulations interphalangiennes (l’arthrose des doigts longs). Certaines articulations sont néanmoins épargnées, sans que l’on sache trop pourquoi : c’est notamment le cas de celles du poignet et de la racine des doigts (ou métacarpophalangiennes).

Quels sont les symptômes de l’arthrose des doigts ?

Les symptômes principaux de l’arthrose sont la douleur, la raideur au niveau des articulations et surtout la gêne fonctionnelle, qui surviennent par poussées. “Il va être difficile pour le patient d’écrire, de porter des objets ou d’effectuer des gestes fins comme enfiler des boutons par exemple”, détaille la rhumatologue. Dans certains cas, l’arthrose peut être responsable de gonflements, appelés synovites.

La personne atteinte d’arthrose des doigts peut également souffrir d’une gêne esthétique : la pathologie est parfois à l’origine de déformations disgracieuses au niveau des articulations des doigts. Ces nodules caractéristiques de l’arthrose sont liés à de la production osseuse en surplus et sont particulièrement douloureux lorsqu’ils apparaissent.

Mais dans certains cas, l’arthrose des doigts n’est pas symptomatique : on parle d’arthrose radiographique. “Encore une fois, on ne sait pas trop pourquoi certains patients n’ont pas de symptômes”, ajoute la spécialiste. Sur une population générale adulte, 8 à 15% sont touchés par une forme symptomatique alors que plus de la moitié des cas ont une arthrose radiographique.

Quelles sont les causes de l’arthrose des doigts ?

Il existe plusieurs facteurs de risques de l’arthrose des doigts. D’abord, les femmes ont deux fois plus de risque que les hommes de développer la pathologie. La génétique peut également avoir un impact : “Avoir un parent au premier degré atteint d’arthrose multiplie par trois le risque d’arthrose des mains”, indique la rhumatologue. Enfin, l’obésité est un facteur de risque : elle multiplie par cinq l’arthrose du genou, par deux celle de la hanche et par 1,2 celle des doigts.

L’arthrose peut également avoir des causes mécaniques. Le risque est accru chez les personnes effectuant des métiers manuels, notamment chez les agriculteurs ou les artisans, en raison de gestes répétés.

“On remarque également que l’arthrose des doigts concerne beaucoup de femmes pendant la période de la périménopause, pendant laquelle survient une baisse des hormones féminines, les oestrogènes et la progestérone”, indique le Dr Alice Courties.

Arthrose des doigts : peut-elle se soigner et quels sont les traitements ?

Il n’existe aujourd’hui pas de traitement qui ralentit la maladie ou qui l’empêche de se développer. “Les traitements existants sont des traitements symptomatiques qui vont principalement améliorer la douleur, la fonction et limiter la gêne”, prévient la spécialiste. Et il est nécessaire de gérer son arthrose pour prévenir la perte fonctionnelle avant qu’il ne soit trop tard.

Les mesures non pharmacologiques

Ces mesures représentent plus de 50% du traitement et se résument en trois points :

• Connaître sa maladie. “Le médecin doit éduquer le patient à sa maladie, lui montrer qu’il est possible d’agir sur les phases de crises et lui expliquer quels traitements prendre à quel moment, les potentiels effets secondaires de ces traitements…”
• Réaliser des auto-exercices pour conserver la fonction : la gêne fonctionnelle peut en effet être calmée par des exercices de renforcement, de proprioception ou encore des étirements des doigts ;
• Porter une orthèse de repos nocturne, dans le cas de l’arthrose de la base du pouce. “Faite sur mesure chez un kiné ou en pharmacie, elle a montré son efficacité quand elle est portée longtemps et évite la déformation du pouce : on a constaté une amélioration au bout de trois mois”, indique le Dr Alice Courties.

Les traitements médicamenteux

Les traitements médicamenteux reposent principalement sur les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) qui vont viser l’inflammation. Ils peuvent être pris soit en comprimés, en cure courte et à la dose la plus faible possible pour éviter les effets indésirables, soit en topique (gel) sur la peau si peu d’articulations sont concernées par l’arthrose. “Dans le cas de formes très inflammatoires, on peut proposer des cures de corticoïdes, également à petite dose et le moins longtemps possible”, ajoute la spécialiste.

Des infiltrations peuvent également être pratiquées, “sur les doigts longs en cas d’échec du traitement médicamenteux et si la synovite persiste, prévient le Dr Courties. Des solutions chirurgicales existent également, en cas d’échec du traitement médicamenteux, notamment pour l’arthrose de la base du pouce. “Il s’agit de la trapézectomie ou de l’implant d’une prothèse trapézo-métacarpiennes, des traitements de dernier recours.”

De futurs traitements ?

De nombreux essais sont en cours pour trouver de nouveaux traitements contre l’arthrose. “La recherche est très active, un essai sur l’efficacité de la toxine botulique s’est avéré positif et un autre sur la stimulation transcutanée au niveau de l’oreille a montré un effet sur la douleur chez les patients très inflammatoires”, détaille la spécialiste.

Merci au Dr Alice Courties, rhumatologue à l'hôpital Saint Antoine à Paris.