Arthrose du pied : quels sont les symptômes et les traitements ?

L’arthrose est caractérisée par la disparition du cartilage sur les articulations. Il s’agit d’une pathologie très fréquente qui concerne plus de 10 millions de personnes en France, dont 65% des plus de 65 ans. Elle peut toucher toutes les articulations, mais les plus fréquemment atteintes sont les mains, les genoux, le rachis et les hanches. Les pieds peuvent également être touchés. L'arthrose se situe alors le plus souvent au niveau du gros orteil (première articulation métatarso-phalangienne), du lisfranc (entre la base des métatarsiens et le médio-pied), de l’articulation talo-naviculaire et enfin de l’articulation sous-talienne (entre le talus et le calcanéum).

Arthrose du pied : quels sont les symptômes ?

“L'arthrose entraîne des douleurs mécaniques, à la marche, au mouvement. Il y a une part inflammatoire dans cette maladie et elle peut donc donner des douleurs à type inflammatoire lors des poussées, avec une articulation qui rougit et gonfle par intermittence”, détaille le Dr Marc Elkaïm, chirurgien orthopédiste et traumatologue. L’arthrose du pied est toutefois particulière. Très fréquente, elle est souvent très bien tolérée. “Il y a beaucoup d’articulations dans le pied. Si le gros orteil est touché, que l’articulation s’enraidit, celles qui sont situées en-dessous et au-dessus vont compenser et devenir plus mobiles”, explique le spécialiste. Une telle compensation est évidemment impossible dans d’autres articulations comme le genou.

Quelles sont les causes de l'arthrose du pied ?

La première cause de l'arthrose du pied est la dégénérescence, l’usure, comme pour toutes les articulations. Certaines formes de pied, un pied très creux ou très plat par exemple, sont également une cause fréquente d'arthrose. “Ce problème dans la structure du pied fait que certaines articulations vont être plus sollicitées que d’autres, et vont donc s’user plus que d’autres”, précise le Dr Marc Elkaïm.

Enfin, l’arthrose peut être post-traumatique. Cela concerne les fractures bien sûr, mais aussi de simples chocs. “Se cogner un orteil contre une porte est douloureux mais ne provoque pas de fracture, cela passe parfois inaperçu. Mais il peut y avoir une compression axiale avec les surfaces articulaires qui s’entrechoquent”, explique le spécialiste. L'arthrose du lisfranc est quant à elle généralement traumatique et consécutive à une entorse grave, avec un mouvement de torsion.

Le traitement de l’arthrose du pied : infiltrations et interventions chirurgicales

“Le premier traitement de l’arthrose du pied est médical et consiste en des infiltrations de corticoïdes visant à diminuer l’inflammation et les poussées douloureuses. Cela fonctionne très bien car les articulations du pied sont petites”, détaille le Dr Elkaïm. La prise en charge passe également par une adaptation du chaussage et l’utilisation de semelles destinées à mobiliser les autres articulations du pied afin de rééquilibrer les forces. Enfin, en dernier lieu, la solution est chirurgicale. “Le but du traitement est d’éliminer la douleur. Si, malgré le traitement médical, les patients sont douloureux en permanence, ont du mal à marcher, alors on propose une chirurgie”, explique le chirurgien orthopédiste. Il est possible d’opérer des patients très âgés, l’intervention ayant lieu en ambulatoire, avec un retour à la maison dans la journée. L’objectif est qu’il y ait un bénéfice, et celui-ci peut être considérable chez un patient âgé qui ne peut plus marcher ni bouger à cause de l’arthrose.

L’arthrodèse

L’arthrodèse consiste à fixer les articulations définitivement. “S’il y a une seule articulation touchée, les autres vont compenser. C’est une très bonne option qui n’a pas de conséquence sur le schéma de marche des patients”, détaille le Dr Elkaïm. En revanche, s’il y a beaucoup d’articulations touchées, l'intervention perd de son intérêt car il n’y a plus cet effet compensateur. Cette solution est néanmoins redoutée par les patients, qui craignent d’avoir le pied bloqué. En réalité, seule une articulation (malade et donc non fonctionnelle) est fixée, les autres vont compenser et le patient n’aura aucune gène.

Des complications sont toutefois possibles. La plus fréquente, qui survient surtout chez les fumeurs, est la pseudarthrodèse, qui est une non consolidation de l’arthrodèse. “Cela nécessite de réintervenir et de refaire une arthrodèse avec en plus une greffe osseuse”, explique le chirurgien.

L’ostéotomie

L’ostéotomie consiste à casser l’os à différents endroits pour décomprimer l’articulation. Elle permet dans certains cas d’éviter l’arthrodèse. “La particularité de l'arthrose sur le gros orteil est qu’elle n’est bien souvent pas douloureuse pieds nus. Parfois l'arthrose peut entraîner la fabrication de formations osseuses (ostéophytes) qui gênent le chaussage qui peuvent également être retirées”, explique le Dr Elkaïm. Malgré l’intervention, ces morceaux d’os finissent malheureusement par se reformer mais elle offre malgré tout aux patients quelques années de répit.

Les espaceurs

Les prothèses destinées aux articulations du pied ne fonctionnent pas. Lorsque l’arthrose ne concerne pas le gros orteil, s’il ne fait pas d’arthrodèse le médecin peut en revanche proposer un système d’espaceur pour éviter les frottements mais les indications sont rares.

Merci au Dr Marc Elkaïm, chirurgien orthopédiste et traumatologue.