Naviguez dans l'univers

Naviguer dans l'univers


Cholestérol : avoir un taux trop élevé augmente-t-il le risque d'AVC ?

Lorsqu’il est trop élevé, le cholestérol forme des dépôts sur les parois des artères et augmente le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) ou d’infarctus du myocarde. Explications avec le Pr Pierre Amarenco, chef du Service de neurologie et du Centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale à l’hôpital Bichat, président de Vaincre l’AVC, et Denis Vivien, professeur en biologie cellulaire et directeur de l'Institut Blood & Brain au CHU de Caen.

Première cause de handicap acquis chez l’adulte, l’accident vasculaire cérébral frappe plus de 140 000 personnes chaque année en France, soit un cas toutes les quatre minutes. Pourtant, près de 80 % des AVC pourraient être évités à l’échelon individuel en contrôlant ses facteurs de risque parmi lesquels l’hypercholestérolémie c’est-à-dire un taux de LDL cholestérol trop élevé.

Qu’est-ce que le cholestérol ? Quelle est la différence entre le LDL et le HDL cholestérol ?

Le cholestérol est un lipide (corps gras) qui provient à 70 % du foie (production endogène) et à 30 % de notre alimentation. On distingue deux types de cholestérol :

  • le HDL cholestérol, pour "high density lipoproteins", appelé aussi "bon cholestérol" empêche la formation de plaques d'athérome sur la paroi des artères. "Les lipoprotéines de haute densité vont en effet apporter au foie le surplus de cholestérol accumulé dans les organes afin qu’il y soit éliminé", explique le Pr Denis Vivien.
  • a contrario, le LDL cholestérol pour "low density lipoproteins", va favoriser le dépôt lipidique et l’apparition de plaques de graisse le long des parois des artères (athérome). "Un peu comme un conduit de cheminée s’encrasse par la suie !", illustre le spécialiste. Et d’ajouter : "Si l’alimentation a un impact sur notre taux de cholestérol, la génétique influe également. Par exemple, certains individus ont naturellement des taux de HDL assez élevés", précise le directeur de l’Institut Blood & Brain.

Hypercholestérolémie : comment la diagnostiquer ?

Tueuse silencieuse, l’hypercholestérolémie se développe au fil des années sans aucun symptôme visible. C’est pourquoi il est recommandé d’effectuer un bilan lipidique tous les 3 à 5 ans. Le diagnostic de l’hypercholestérolémie repose principalement sur un bilan sanguin à jeun.

"Le taux de LDL cholestérol doit être inférieur à 1,60 g/L chez les personnes qui n’ont aucun autre facteur de risque, rappelle le Pr Pierre Amarenco, neurologue. En revanche, chez celles qui ont une hypertension artérielle associée, un diabète ou qui fument, le taux doit être en-dessous de 1g/L. Enfin, si vous avez déjà fait un infarctus du myocarde ou un AVC, le taux doit être au-dessous de 0,55 g/L."

Toutes les études internationales tendent à montrer qu’abaisser le LDL cholestérol réduit le risque d’infarctus du myocarde et d’AVC sans effets collatéraux. "On a cru pendant longtemps qu’un cholestérol trop bas pouvait favoriser les hémorragies cérébrales mais c’est faux, avoue le Pr Amarenco. C’était un biais des études épidémiologiques. Aujourd’hui, on sait que l’utilisation des statines et le maintien d’un taux de LDL cholestérol bas réduit le risque d’AVC sans augmenter le risque d’hémorragie cérébrale. D’ailleurs, après un AVC, un taux de cholestérol inférieur à 0,7 g/L permettrait de réduire de 25 % supplémentaires le risque de récidive".

Qu’est-ce qu’un accident vasculaire cérébral ? Quels sont les signes qui doivent alerter ?

Un accident vasculaire cérébral survient lorsque la circulation sanguine - vers ou dans le cerveau – est interrompue. On distingue deux types d’AVC :

  • l’AVC ischémique appelé également infarctus cérébral qui résulte le plus souvent d’une occlusion d’une artère cérébrale par un caillot sanguin ;
  • les hémorragies cérébrales et méningées liées à la rupture d’une artère cérébrale.

L’accident vasculaire cérébral se manifeste par des symptômes comme :

  • une perte de sensibilité d’un bras, d’une jambe, de la face ou de tout un côté du corps ;
  • une faiblesse musculaire ou une paralysie d’un ou de plusieurs membres ou du visage ;
  • une difficulté soudaine à trouver les mots, à s’exprimer ou à comprendre ;
  • un trouble soudain de l’équilibre ou de la coordination des membres ;
  • la perte brutale de la vision ou de la moitié du champ de vision d’un œil ; une vue double (diplopie) ;
  • des troubles de la vigilance ;
  • un mal de tête, soudain, inhabituel et intense.

Quels sont les facteurs de risque de l’AVC ?

Les facteurs de risque de l’AVC sont :

Enfin, les traitements hormonaux augmentent également le risque de thrombose en cas d’association avec d’autres facteurs de risque comme le tabac.

Comment prévenir l’AVC ?

Dépister et traiter les facteurs de risque, savoir reconnaître les signes précurseurs (AIT) et adopter une meilleure hygiène de vie permettent de prévenir l’accident vasculaire cérébral.

Connaître ses facteurs de risque

“Know your numbers !”, martèlent les affiches de campagne de prévention de l’American Heart Association. "Connaissez les chiffres de votre pression artérielle, de votre cholestérol et de votre glycémie", insiste le neurologue. Le dépistage et le traitement des facteurs de risque réduit le risque de faire un accident vasculaire cérébral. À ce titre, la fondation Vaincre l’AVC, présidée par le Pr Amarenco, a développé un test à remplir en ligne. "Il suffit de répondre à 11 questions, parmi lesquelles les chiffres de sa pression artérielle, de sa glycémie et de son taux de cholestérol, et on reçoit instantanément par courriel un compte-rendu personnalisé sur ses facteurs de risque ainsi que des recommandations."

AIT : savoir repérer les signes précurseurs d’un AVC

Dans 30 à 40 % des cas, l’accident vasculaire cérébral est précédé d’un accident ischémique transitoire (AIT). "C’est un peu la fumée du volcan avant l’explosion, prévient le spécialiste. Les symptômes sont peu ou prou les mêmes que ceux d’un AVC mais ils ne durent que quelques minutes. C’est un signal d’alerte car dans un tiers des cas, un accident vasculaire cérébral se produit dans les jours qui suivent. L’AIT doit donc absolument conduire à consulter en urgence, même si les choses rentrent dans l’ordre". Et d’ajouter : "Si les signes ont disparu, il faut prendre 300 mg d’aspirine et se rendre tout de suite dans une clinique d’AIT. Au contraire, si les symptômes sont toujours présents, il ne faut pas prendre d’aspirine et contacter le 15."

Adopter des mesures hygiéno-diététiques

Enfin, des mesures hygiéno-diététiques simples : réduire sa consommation d’aliments riches en graisses comme la charcuterie, la friture, les produits transformés ou encore les plats en sauce ; augmenter sa consommation de fruits et légumes (5 portions ou plus par jour dans l’idéal), préférer les poissons gras riches en oméga-3 (saumon, sardines, etc.), consommer des légumineuses (lentilles, pois chiches, etc.) et pratiquer une activité physique régulière réduit le risque d’événements cardiovasculaires. "En prévention primaire, on sait que l’exercice physique diminue de 20 % le risque d’AVC et d’infarctus du myocarde", conclut le Pr Amarenco. De quoi chausser ses baskets et suivre les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé à la lettre : 2 h 30 d’activité physique intense (vélo, natation, course à pied…) ou 5 h d’activité physique modérée (jardinage, marche rapide) par semaine.

Sources

Fondation Vaincre l’AVC

Fondation de la recherche cardio-vasculaire

À lire aussi

Comment prévenir les récidives d'un AVC ?

AVC : 3 informations que les femmes doivent connaître sur leurs risques, selon cette experte

Prévention de l'AVC : pourquoi est-il si important de faire du sport et lesquels ?