Naviguez dans l'univers

Naviguer dans l'univers


Manque de sommeil chez les personnes âgées : quel impact sur la santé ? Une neurologue répond

L'huile essentielle de camomille romaine
L'huile essentielle de marjolaine à coquilles
L'huile essentielle de petit grain bigarade
Voir les
7 photos

Avec l’âge et la sédentarité, les séniors ont davantage de problèmes de sommeil. Quel est l’impact de ses insomnies au quotidien ? Un neurologue répond.

Les personnes âgées se plaignent souvent de souffrir d’insomnies. Cependant, cela ne signifie pas qu’elles dorment moins, mais plutôt que leur sommeil est organisé différemment : “La durée du sommeil de la nuit diminue un peu, mais sur 24 heures, il n’y a pas de gros changements” précise le Professeur Kiyoka Kinugawa-Bourron, neurologue. En effet, en plus des nuits, les seniors font généralement des siestes en journée pour compenser. Toutefois, certains n’y arrivent pas et sont donc fatigués. Quel est l’impact de ce manque de sommeil sur l’organisme et le bien-être ? On fait le point avec le professeur Kiyoka Kinugawa-Bourron

Qualité de sommeil : exposition à la lumière, sédentarité, mauvaise régulation… quelle évolution avec l’âge ?

Si certaines personnes âgées se plaignent de souffrir d’insomnie, de se sentir fatiguées, les problèmes de sommeil ne sont pas systématiques chez les gens âgés. On observe toutefois une évolution de la qualité du sommeil. “Le temps de sommeil lent et profond a tendance à diminuer. Les réveils nocturnes sont plus fréquents et aussi parfois plus longs. C’est pour cela que parfois, les seniors ont l'impression que le sommeil est un peu plus léger que quand ils étaient plus jeunes”, explique la spécialiste. Plusieurs mécanismes expliquent ces changements. Lorsqu’on vieillit, l’horloge biologique, qui règle le rythme veille/sommeil, vieillit aussi. Par exemple, le corps produit un peu moins de mélatonine.

On observe également des changements au niveau des synchroniseurs externes. La régulation du sommeil est aussi influencée par les choses de la vie, par exemple l’exposition à la lumière. Avec l’âge, et encore plus si on a des problèmes de santé, on est moins exposé à la lumière, on sort moins. On fait également moins d’activité physique. Tout cela impacte négativement le sommeil”, détaille le Pr Kinugawa-Bourron. Avec la retraite, le rythme change, il n’y a plus d’obligation de se lever à une heure précise. Les repas sont parfois moins réguliers, les loisirs se modifient également. Tous ces facteurs peuvent altérer le sommeil des personnes âgées.

Évolution normale du sommeil ou insomnies : comment faire la différence ?

L’évolution du sommeil est naturelle avec l’âge : nuits plus courtes, siestes, temps d’endormissement parfois plus long, avance de phase (on se couche plus tôt mais on se lève aussi plus tôt). “Il faut faire la différence entre l’évolution normale du sommeil et la maladie insomnie”. Certaines personnes sont en pleine forme avec six heures de sommeil. D’autres en revanche vont moins bien supporter ce changement du sommeil et s’en plaindre, mais s’il n’y a pas de répercussion dans la journée, ce n’est pas une véritable insomnie”, observe la neurologue.

Problèmes de santé, douleur, dépression, apnées du sommeil… quelles sont les causes d’un mauvais sommeil ?

Les problèmes de sommeil sont un peu plus fréquents avec l’âge, notamment l’insomnie. “Cela s’explique notamment parce que les séniors ont plus de douleurs, sont moins confortables. Il y a également l’influence d'autres problèmes de santé, la dépression, des maladies du sommeil comme les apnées du sommeil, un peu plus fréquentes en vieillissant”, explique le Pr Kinugawa-Bourron. Cette dernière ajoute que certaines maladies particulières et rares, comme le trouble du comportement en sommeil paradoxal, ont aussi un impact sur le sommeil. “Ce trouble, souvent associé à des maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson, provoque une levée d’inhibition du tonus musculaire pendant le stade de rêve. Ainsi lorsqu’on rêve on fait des gestes, on bouge, on parle. La qualité du sommeil est évidemment altérée”, précise la spécialiste.

Problèmes de sommeil chez les séniors : quelles sont les conséquences ?

Il y a une vision un peu négative des difficultés de sommeil chez les gens âgés. On va se dire qu’un sénior qui dort au fauteuil la journée, c’est normal, et avoir tendance à minimiser. Pourtant il y a un impact réel sur la qualité de vie, le fonctionnement de la journée. Et d’autant plus s’il y a des problèmes de santé associés !”, rappelle d’emblée la neurologue. Une personne âgée qui dort mal sera plus fatiguée, même si elle a la possibilité de se reposer pendant la journée. Il y a une baisse de la vigilance, avec un risque accru de chute et de troubles cognitifs.

Si une personne âgée se plaint de son sommeil, il faut toujours s’en occuper et en parler avec le médecin traitant. Cela peut cacher un vrai trouble du sommeil qu’il faut explorer”, recommande le Pr Kinugawa-Bourron.

Séniors : comment mieux dormir lorsque l'on vieillit ?

Certaines personnes âgées se plaignent de se réveiller très tôt, mais cela est parfois lié à l’heure du coucher, souvent plus précoce. “En réalité, ce sont des personnes qui ne dorment pas moins, mais se couchent plus tôt et se réveillent donc plus tôt. S’il n’y a pas de réveils nocturnes pathologiques, que la personne se réveille en forme le matin, on peut essayer de décaler un peu l’heure du coucher”, recommande la neuro-gériatre. Cette dernière insiste également sur l’importance de maintenir une activité physique pendant la journée, adaptée à ses capacités, et de s’exposer à la lumière du jour. “Quant aux siestes, elles ne doivent pas excéder 20 minutes pour préserver le sommeil de la nuit. Le cerveau n’a pas un besoin de sommeil extensible”, insiste-t-elle.

Enfin, il est important de garder des horaires de lever et de coucher réguliers, d’éviter les excitants après 14h (cola, thé, café etc.) et les repas trop riches le soir. L’environnement doit être agréable et calme, avec un lit confortable, une température dans la chambre qui n’excède pas 20 degrés, et qui se situe entre 18 et 19 degrés dans l'idéal. On évitera également d’utiliser le téléphone, la tablette ou l’ordinateur dans le lit, la lumière bleue perturbant le sommeil.

Merci au Professeur Kiyoka Kinugawa-Bourron, neuro-gériatre.

A lire aussi :

Sommeil : quelle est la température idéale pour bien dormir après 60 ans ?

Quelle est la durée de sommeil idéale après 50 ans ?

Que se passe-t-il dans notre corps quand on manque de sommeil ?