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Phlébite : symptômes, diagnostic, traitements

Fréquente, la phlébite peut provoquer une embolie pulmonaire et engager le pronostic vital. Quels sont les symptômes ? Comment la diagnostiquer ? Le point avec le Dr Sébastien Gracia, médecin vasculaire et membre du bureau de la Société française de phlébologie.

Une douleur, une rougeur et un œdème au niveau du mollet ? Des symptômes à ne pas négliger ! Selon l’Inserm, entre 50 et 100 000 phlébites surviendraient chaque année en France. La thrombose veineuse peut aboutir à des complications parfois graves, en particulier l’embolie pulmonaire responsable de 10 à 20 000 décès par an.

Phlébite : de quoi parle-t-on ?

La phlébite ou thrombose veineuse se caractérise par la formation d’un caillot sanguin (thrombus) dans une veine. "Et ce, quelle que soit la localisation de la veine : une jambe, un bras, le ventre ou encore le cerveau, précise d’emblée le Dr Sébastien Gracia, médecin vasculaire. Même si les phlébites sont le plus souvent localisées au niveau des membres inférieurs."

On distingue deux types de phlébites :

  • la phlébite superficielle ou paraphlébite lorsqu’un caillot de sang se forme dans une veine superficielle : par exemple les veines saphènes au niveau des membres inférieurs ou la veine basilique au niveau de l’avant-bras.
  • la phlébite profonde qui se forme, comme son nom l’indique, dans une veine profonde et doit être prise en charge rapidement afin d’éviter le risque d’embolie pulmonaire.

"On a longtemps pensé que seule la phlébite profonde était grave, poursuit le Dr Gracia. Or, la paraphlébite peut aussi présenter des complications potentielles qui font qu’aujourd’hui on la traite par injections dans certaines conditions."

Quels sont les symptômes ?

La thrombose veineuse se manifeste généralement par une triade de symptômes : une rougeur, un œdème et une douleur au niveau de la jambe ou du mollet. "Ce sont les signes cliniques classiques, confirme le Dr Gracia. Il faut penser à une phlébite en cas de mollet gonflé, douloureux et rouge sans antécédents de coups et en présence de facteurs de risque comme la grossesse, une chirurgie orthopédique, etc."

Quels sont les facteurs de risque ?

Plusieurs facteurs favorisent le risque de thrombose veineuse :

  • l’immobilisation : par exemple, lorsqu'on est alité pour raisons de santé ou qu'on porte un plâtre. "Le retour veineux est alors être moins important", explique le spécialiste.
  • la chirurgie orthopédique notamment du genou ou de la hanche ;
  • les cancers : "30 % des gens qui ont un cancer auront une phlébite ou une embolie pulmonaire et c’est généralement un facteur de mauvais pronostic du cancer", précise le Dr Gracia.
  • l’insuffisance veineuse qui se manifeste par une sensation de jambes lourdes et la présence de télangiectasies (petites veines bleues ou violacées sous la peau) ou de varices ;
  • la grossesse, l’accouchement et les contraceptifs oraux contenant des œstrogènes ;
  • l’âge : plus on vieillit, plus le risque de phlébite augmente.
  • l’hypercoagulabilité du sang liée à une prédisposition génétique : par exemple, un déficit congénital en certains facteurs de coagulation comme la protéine S ou la protéine C. "Il faut savoir que l’hypercoagulabilité peut également être augmentée en cas de pathologies inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde", ajoute le médecin vasculaire.

Comment faire le diagnostic d’une phlébite ?

Devant les signes cliniques évocateurs d’une thrombose veineuse, le médecin vous prescrira un écho-doppler. Cette technique d’imagerie totalement indolore permet d’examiner les veines profondes et superficielles, de visualiser le flux sanguin et de s’assurer qu’il n’y a pas un éventuel caillot.

Phlébite : comment la traiter ?

Le traitement de la thrombose veineuse repose sur l’administration d’anticoagulants par voie orale ou injectable. "Aujourd’hui, dans la quasi-totalité des cas, on prescrira un traitement oral, précise le Dr Sébastien Gracia. L’apparition d’une nouvelle génération de médicaments - les anticoagulants oraux directs - a modifié notre pratique et permis de limiter le recours aux injections."

Le traitement sera poursuivi pour une durée de 3 à 6 mois. "Au bout de trois mois, on réévalue le risque de récidive et la durée du traitement, explique le spécialiste. Par exemple, un patient qui a fait une phlébite à la suite de la pose d’une prothèse de hanche, lorsqu’il déambulera à nouveau normalement, on sait qu'on pourra éliminer ce facteur de risque et donc stopper les anticoagulants. En revanche, quand la phlébite survient sans facteur favorisant, elle peut potentiellement récidiver. Dans ce cas, en fonction de sa gravité et de son association ou non avec une embolie pulmonaire, il est parfois indiqué de poursuivre le traitement tout au long de la vie avec le risque hémorragique qui va avec."

Quelles sont les complications de la phlébite ?

La phlébite peut engendrer une embolie pulmonaire, une complication très grave qui se caractérise par la migration d’un caillot de sang dans une artère pulmonaire et se manifeste par des douleurs dans la poitrine et une dyspnée (essoufflement). "Elle peut aussi entraîner des complications à long terme comme un ulcère veineux en raison de caillots obstructifs séquellaires dans les veines", ajoute le spécialiste.

Comment prévenir les risques de récidive de phlébite ?

Le port d’une compression (chaussettes de contention) permet d’améliorer le retour veineux, de limiter le risque de récidive de phlébite et de favoriser la destruction complète d’un caillot. "On recommande également aux patients d’être actifs, de limiter les facteurs de risque et d’être attentifs aux signes de phlébite : en cas de mollet rouge et douloureux, il faut consulter sans tarder", conclut le Dr Sébastien Gracia.

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